La pluralité culturelle en Equateur
Il serait très compliqué de parler du peuple équatorien sans parler de cette incroyable pluralité ethnique. Au fil de l'Histoire cette complexité s'est formée, des descendants des Incas, des Africains, des Européens, des asiatiques... un cocktail incroyable.
Il n'y a pas moins de 10 langues parlées en Equateur !
Une répartition grossière de la population pourrait se faire de la façon suivante:
- 40% dans la Cordillère (Sierra)
- 50% sur la côte Pacifique (Costa)
- 10% en Amazonie (El Oriente)
La nationalité indigène Quichua est de loin la plus importante
Quichua :
La population indigène de la Cordillère s'identifie par la nationalité, car elle partage un processus historique similaire, de plusieurs siècles, une même langue, une vision cosmique qui harmonise l'Univers, la Terre et l'Homme; une division binaire des oppositions (le froid et le chaud, la terre et le ciel, le haut et le bas), établissant les relations avec les hommes, la nature et les pouvoirs surnaturels.
Son modèle d'organisation est basé sur la communauté pour sa production économique, social et culturelle.
Leur situation se caractérise par:
- Economie basée sur l'agriculture, ressource de plus en plus limitée du fait du parcellement des terres, de leur érosion, carence du système d'irrigation, manque de matériel.
- Prix de leurs productions déterminés par les grandes entreprises agro-alimentaires du pays.
- Conditions de vie précaires avec manque d'électricité, d'eau potable, de salubrité, chemins et accès, écoles et hôpitaux.
- Enfin, ils sont discriminés pour leur culture.
Même s'ils représentent une seule "nation" d'Equateur jusqu'en Bolivie, les Quichuas, à travers les différentes régions, se démarquent les uns des autres par leur mode vestimentaire et plus encore par leur spécialisation artisanale.
Pour ne citer que les grandes généralités, nous noterons que ceux de la Province de l'Imbabura, très commerçants et notamment producteurs de vêtements en laine, sculptures sur bois et travaux en cuir.
Les Quichuas du Cotopaxi sont d'excellents peintres qu'ils réalisent sur des peaux de moutons, ceux du Tungurahua fabriquent de magnifiques tapis en laine, ou encore, les Quichuas Cañari se différenciant nettement par leur mode vestimentaire et qui sont de petits éleveurs d'ovins et de bovins.
Mais une constante dans toutes les provinces, leur activité principale reste l'agriculture : pomme de terre, maïs, ail, oignons, haricots, fèves, manioc, blé...
Ce sont tous de très bons artisans en céramique, ce qui les amène à se tourner vers la population touristique.
Autre constante, il existe au sein de ces communautés de grands flux migratoires vers les villes où, par leurs carences éducatives, ils se retrouvent cantonnés aux travaux pénibles.
Shuars (Jivaros) :
Ils sont environ 40 000, essentiellement dans les Provinces de Morona Santiago Zamora Chinchipe et une partie de Pastaza. Shuar signifie "gens" en balance avec le reste des êtres vivants de la forêt. Ils rejettent bien évidemment le terme de Jivaros, qui veut dire « sauvages ».
L'introduction de l'élevage de bovin et la transformation de la forêt en prairie, a entrainé un très grave appauvrissement des sols. Leur système économique basé sur leurs besoins, s'est transformé en une véritable économie de marché, ce qui a produit des différences socio-économiques entres-eux et crée des discordes.
Néanmoins, ils tentent de revaloriser leur culture, grâce, notamment, à un système éducatif radiophonique, transmis dans tous les centres Shuars de l'Equateur.
Leur vêtement traditionnels sont, pour les hommes une jupe en coton largement colorée de manière naturelle, et, pour les femmes, une tunique bleue foncée, attachée sur une épaule et maintenue à la ceinture par un cordon.
Hommes et femmes aiment arborer des bijoux et autres couronnes de plumes.
Ils croient en une évolution de leur être à travers trois étapes qui leur donnera 3 âmes, 3 esprits. Dès l'enfance, le Shuar commence à chercher l'esprit Arutam (à partir de 6 ans), à travers des «pèlerinages» en des lieux sacrés, comme les cascades, et restant quelques jours sans manger. Plus tard, il découvrira également le pouvoir des plantes hallucinogènes afin d'acquérir ses autres esprits.
Les «shamans» shuars se nomment Uwishin, pratiquent la médecine traditionnelle.
La maison traditionnelle Shuar est une hutte en bois et feuilles de palmiers en forme d'ellipse.
A l'intérieur, les sections séparées confirment les différences entre l'homme et la femme... La section réservée à l'homme sert également à recevoir les visiteurs, alors que le côté des femmes abrite la cuisine.
C'est un parfait reflet de leur culture.
:: Huaorani :
Les Huaorani vivent en Amazonie équatorienne entre le Rio Napo et le Rio Curaray, et sont estimés à moins de 2.000 individus dont les Tagaeri et Taromenane qui ne seraient plus que quelques dizaines. Bien que leur territoire ancestral s'étendait sur plus de 2 millions d’hectares, les activités pétrolières, aurifères, les colons et les marchands de bois, ont entrainé, en 1990, le Président équatorien Borja a leur allouer une propriété collective d’un peu moins de 700.000 hectares afin de faciliter toutes ces activités. Tous les éléments extérieurs les ont repoussés loin de leurs terres d'origines et des axes principaux dont les grandes rivières indispensables aux transports et communications. Ils se sont notamment éloignés de la rive sud du Rio Napo, rivière infranchissable par les personnes de notre civilisation jusqu'au début des années 70.
Les Huaorani Tagaeri qui sont les seuls à être restés fidèles au mode de vie traditionnel, sont, eux, profondement enfouis dans la fôret amazonienne entre les rivières Tiputini et Cononaco.
Pour les protéger, un parc naturel fût créé en 1979, le Parc Yasuni reconnu réserve mondiale de biosphère par l’UNESCO, incluant par la même, une zone d’intangibilité et excluant donc, théoriquement, toute exploitation pétrolière.:
Les Huaorani bien que très attachés à leur forêt et soucieux de vouloir y vivre sont, dorénavant, ballotés entre les compagnies pétrolières qui n'hésitent pas à les corrompre grâce à de l'alimentation, fusils, des médicaments, de l'essence, des moteurs, voir même des groupes électrogènes, sans oublier les sacro-saints poisons occidentaux : argent et alcool.
Ajoutons à cela la coupe de bois précieux et des colons toujours plus envahissants, les huaorani auraient besoin, plus que jamais, de rester solidaires et unis face à tous ces dangers.
Certaines communautés, désireuses de garder en main leur destin, se tournent de plus en plus vers l'écotourisme, qui, même s'il n'apporte pas les mêmes sources de revenus, permet de vivre en harmonie avec la forêt de leurs ancêtres.
:: Sionas et Secoyas :
Ils sont environ 600 individus vivant sur les rives Des rivières Aguarico, Eno Shushufindi et dans la Reserve naturelle de Cuyabeno. On les retrouve également au Pérou et en Colombie.
Ces deux peuples étaient séparés à l'origine, mais avec des traditions très similaires et deux langues dérivée d'une même, le Tukano.
Dès le 19ème siècle, ces 2 groupes furent touchés par les maladies introduites par les conquistadors, colons et autres aventuriers, se dédiant à l'exploitation du caoutchouc.
A partir de 1955 l'ILV a commencé son travail d'évangélisation et d'«occidentalisation» des ces populations, mais sans grand succès.
Ils traversent encore aujourd'hui une grave crise, celle de l'invasion de leurs terres par les compagnies pétrolières et agro-alimentaires. Se trouvant dans une Réserve naturelle, on les prive des ressources naturelles, ce qui les pousse à chercher de nouvelles sources de survie comme l'artisanat.
Le Cacique (chef) est également le médecin et le chef religieux.
Les femmes sont habillées d'une jupe jusqu'au genou, et les hommes ne portent désormais plus la tunique qui provoquait les moqueries des colons.
:: Awa (Côte Pacifique) :
Les Awa, signifiant Homme, sont également connus sous le nom de Coaiquer.
Ils se trouvent au Nord-Ouest de l'Equateur, dans la Province de Carchi ainsi que de l'Imbabura et Esmeraldas, mais également en Colombie.
Ce sont originairement des agriculteurs itinérants, chasseurs et pêcheurs.
Aujourd'hui, ils pratiquent également l'élevage. Dans leur quête de survie, ils effectuent également des travaux agricoles et forestiers pour les colons de la région.
Leur organisation tourne autour du Grand-père, le Sage, chef du groupe familial, chef spirituel, religieux et médecin.
Ils se sont regroupés pour former des entités légales afin de protéger leurs terres ancestrales bien souvent menacées par l'expansionnisme des colons avoisinants.
Ils souffrent de carences en matière d'infrastructures comme eau potable, électricité, santé et éducation. Ils tentent néanmoins de conserver leur langue et le savoir des plantes médicinales.
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